Faire de la santé publique l’argument essentiel du développement du vélo
Un impact considérable sur la santé publique
Il est impossible de parler économie du vélo sans insister sur son impact considérable sur la santé publique. Les études sont à présent nombreuses et convergentes pour montrer et quantifier les bénéfices de la pratique du vélo sur la santé. Les impacts cardio-vasculaires, sur le diabète, sur la dépression étaient connus. D’autres impacts sont également mis à jour sur les bénéfices cognitifs, notamment pour les personnes âgées, sur la concentration et l’attention des enfants et sur la productivité au travail.
Les effets sur la santé publique
Dans l’étude sur l’économie du vélo en France de 2008, les impacts de santé publique étaient déjà identifiés comme un élément majeur de l’économie du vélo. De très nombreuses études sont venues appuyer et préciser ces éléments. L’organisation mondiale de la santé a depuis réalisé un applicatif permettant de calculer ces effets à une échelle micro ou macro.
Une activité régulière réduit la mortalité précoce de 29 à 41%.
Un des principaux enjeux sanitaires de la France est l’augmentation de la sédentarité des Français. Selon l’ANSES, la sédentarité est définie comme une situation d’éveil caractérisée par une dépense énergétique faible (inférieure à 1,6 MET20) en position assise ou allongée (Anses, 2016).
Selon le rapport de l’Anses de 2016, on estime que les adultes passent au moins cinq heures par jour dans les activités sédentaires.
De plus, moins de 37 % des adultes, 32 % des personnes agrées de plus de 65 ans et moins de 34 % des enfants de moins de 11 ans sont suffisamment actifs au sens des recommandations de l’OMS. La sédentarité génère des pathologies sanitaires : diabète de type 2, obésité, pathologies cardio-vasculaires, cancers, maladies respiratoires et maladies ostéo-articulaires.
Selon les études, une activité régulière pourrait réduire la mortalité précoce de 29 % à 41 % (Anses, 2016).
Le ratio bénéfice / risque de la pratique du vélo va de 19 à 27 selon les scénarios
La plus grande pratique du vélo contribue à réduire la sédentarité et les impacts sanitaires négatifs associés en accroissant la dépense énergétique.
Par exemple, la dépense énergétique de la pratique est évaluée aux alentours de 4 MET pour le loisir (Praznoczy, 2012). Dans son ouvrage de référence sur les bénéfices et les risques de la pratique du vélo en Ile-de-France, Corinne Praznoczy expose les bénéfiques sanitaires procurés par l’usage du vélo. Le cyclisme fait partie des activités physiques aérobies (c’est-à-dire qui consomme de l’oxygène pour produire de l’effort musculaire). Celles-ci stimulent tout particulièrement la fonction cardiovasculaire. En outre, le cyclisme préserve et renforce les articulations contribuant à réduire le risque d’arthrite et le mal de dos.
Ces bénéfices combinés contribuent à réduire les risques de maladies et de décès prématurés, en particulier des risques d’infarctus et de crise cardiaque.
Dans cette étude en Ile-de-France, les bénéfices d’activité physique sont comparés aux risques d’accident et à l’exposition à la pollution dans trois scénarios d’évolution des parts modales à 4 % de part modale, 8 % et 20 % de part modale.
Le rapport bénéfice / risque (B/R) s’établit à 19 dans le scénario 4 %, 24 dans le scénario 8 % et 27 dans le scénario 20 %. Parmi les risques, le risque lié à la pollution est nettement supérieur au risque d’accidents mortels, relativement faible dans les grandes villes compte tenu de la plus faible vitesse des véhicules, comme nous l’avons montré plus haut. De ce fait, le rapport bénéfice / risque est supérieur en petite et grande couronne qu’à Paris, même si l’accidentalité est supérieure en grande couronne. Le rapport B/R est ainsi de 11 dans le scénario 1 à Paris contre 22 en petite et grande couronne.
Dans le scénario trois, la part beaucoup plus importante du vélo contribue à limiter les effets de pollution et l’écart se resserre de 19 à Paris, 27 et 29 en petite et grande couronne.
Les cyclistes se rendant au travail à vélo diminuent de 40 à 50% leur risque d’incidence et de mortalité cardio-vasculaires et de cancer
Une très large recherche publiée par l’Université de Glasgow (University of Glasgow, Institute of Cardiovascular and Medical Sciences, 2017) a étudié la corrélation entre mobilité active et mortalité liée au cancer et accident cardio-vasculaire. Une cohorte de 263 540 personnes a été suivie en Grande-Bretagne pendant 5 ans. La mortalité du groupe de personnes allant au travail à vélo a été comparée à celle des autres personnes du groupe.
Un modèle ajusté a ainsi été créé et cette recherche conclut à une diminution très significative de la mortalité et de la prévalence de cancers et maladies cardio-vasculaires parmi les personnes se rendant quotidiennement au travail à vélo.
Le VAE contribue fortement à la hausse du niveau d’activité physique
Le VAE contribue lui aussi a une hausse significative du niveau d’activité physique. Une étude (Castro, 2019) a montré que les utilisateurs du VAE dans sept villes européennes sur la base d’un panel de 10.000 personnes observées, avaient un niveau d’activité physique de 10% supérieur aux autres cyclistes (4460 MET mn/semaine contre 4085). Ce différentiel tient avant tout à la fréquence plus élevée de pratique et aux distances parcourues supérieures à VAE (8.0 contre 5.3 km/jour). Il tient surtout à la part élevée de transfert de la voiture vers le VAE avec un gain de 800 MET mn/sem. et du transfert des TC vers le VAE avec un gain de 550 MET mn/semaine.
Un bénéfice de santé publique évalué de 0.69 €/km à 0,91 €/km
Les données prises en compte par l’OMS dans l’outil HEAT (Health Economic Assesment Tool) portent sur la seule population de 20 à 65 ans. La valeur retenue pour cette tranche de population est de 0.64 €/km en intégrant le fait que le report modal provient à 70% de la voiture et à 30% des transports en commun sans retenir d’impact sur la marche à pied.
Sur cette base, l’impact économique est de 3.9 Mds €/an pour les 37 M de Français de 20 à 65 ans. L’impact économique de la pratique physique est cependant supérieur pour les 14M de personnes de +65 ans mais non monétarisé. Cet impact n’est pas non plus monétisé pour les 15M de personnes de moins de 20 ans.
Une simple projection sur les 66 M de Français représenterait un impact de 7 Mds €/an.